NIMBY, celui qui le dit le serait-il ?

Si Pascal Smet, le Ministre de l’urbanisme de la Région bruxelloises, pense que : “pour les grands projets, nous sommes dans le conflit avec les habitants“, et que “la tendance au NIMBY augmente à Bruxelles“, le promoteur Marnix Galle à la tête d’Immobel pense plus loin en affirmant que « Le pire ennemi de la ville de demain, c’est l’habitant d’aujourd’hui« .

Nimby, pour ‘Not In My Backyard’, équivalent à ‘pas dans le fond de mon jardin’, cette qualification était mobilisée au siècle passé pour disqualifier les individus ou les collectifs d’opposants quand il s’agissait de réaliser un projet d’infrastructure. Caractériser ainsi des riverains en pointant leur égoïsme pouvait éventuellement se justifier quand l’intérêt général était en cause. Encore faudrait-il que cet intérêt général perçu dans le cadre de l’économie productiviste et financiarisée d’hier puisse encore coller à la crise sanitaire, climatique, environnementale, économique que nous traversons. Si déjà nous n’étions plus convaincus de l’intérêt général des Plans d’Aménagement Directeur (PAD) avant le confinement, nous ne sommes pas les seuls à en être encore moins convaincus aujourd’hui.

Mais de quel égoïsme parle-t-on en ce printemps 2021 dans nos quartiers envahis par les ‘grands projets’ ? De celui des nombreux riverains qui seront durablement soumis aux incidences négatives sur leur environnement tant au niveau local qu’à l’échelle métropolitaine ? Ou bien de celui de l’un ou l’autre des grands acteurs économique à la recherche de profits sans mesures pour leur poignée d’actionnaire ? 3 petits tours de magie et puis s’en vont, ils laisseront derrière eux les poubelles urbaines dont nous aurons la charge demain.

Mais plus rien n’étonne les bruxellois.es quand il s’agit de lire ou d’entendre les commentaires ringards d’un Ministre et les niaiseries d’un entrepreneur, speedés par des idées d’un autre âge. Ne s’agit-il pas plutôt de faire passer à tout prix le retour des tours alors que nous sommes déjà confrontés, à un ralentissement de la démographie, à un retournement du marché de l’immobilier, voire à son écroulement dans le secteur du bureau, avec toutes les conséquences tragiques que cela pourra avoir pour notre environnement urbain.

Les projets ratés d’hier font les problèmes d’aujourd’hui au Quartier Nord comme ailleurs. Pour qui Pascal Smet déroule-t-il alors tant de certitudes d’arrière garde et de propos à l’emporte-pièce, pour les bruxellois.es qu’il devrait ‘représenter’ ou pour quelques promoteurs que l’on peut compter sur les doigts d’une seule main ?

Annexe : commentaire plus approfondi rédigé par un membre du collectif BASlesPAD