Chantier rue Kerckx : les habitants veulent sortir du bourbier !

Dans le quartier de la rue Gray, à hauteur du pont sous l’avenue de la Couronne, les riverains vivent depuis des mois un véritable cauchemar. En cause, un chantier situé au numéro 50 de la rue Kerckx, en contrebas du remblai mais surtout, sur l’ancien lit du Maelbeek, l’autre rivière de Bruxelles, enterrée il y  a plus de 150 ans.

Excédés, des riverains ont décidé d’origaniser une rencontre-débat qui a eu lieu le 26 septembre, non  loin de là, dans le local associatif communal de la Serre.

Une bonne cinquantaine de personnes étaient présentes à la soirée : on y trouvait des riverains, de la place Flagey à l’avenue du Maelbeek, habitant plus particulièrement à proximité de chantiers situés sur le Maelbeek (Kerckx, Colruyt, rue Gray, et friche Eggevoort), des élus communaux, des représentants de l’Association du Quartier Léopold et d’Inter-Environnement Bruxelles, des étudiants en architecture et même des acheteurs d’un emplacement de parking situé sous l’immeuble en construction, continuellement sous eau.

La soirée a débuté par un historique très complet du chantier de la rue Kerckx, par Jean Beckers, habitant de la rue Wéry, en surplomb du chantier : premier projet plus grand, révu à la baisse, inquiétudes des riverains sur la faisabilité du projet dès la commission de concertation, évolution du chantier et de ses déboires depuis bientôt deux ans, pompages et rejet  de l’eau vers l’égout, en toute illégalité, apparition de fissures dans les murs des jardins et dans les maisons voisines, rue Kerckx ou rue Wéry.

      

Antoinette Brouyaux, citoyenne ixelloise, a ensuite évoqué des pistes des solutions puisqu’à ce stade, il est à la fois impossible d’envisager de poursuivre les travaux ni de démolir, sans déstabiliser définitivement les maisons avoisinantes.

Isabelle Marchal, d’Inter-Environnement Bruxelles, a rappelé l’existence d’autres chantiers à risques, notamment le chantier du Colruyt, où  des fissures sont apparues sur une façade des ateliers d’artistes situé à proximités, et de la friche Eggevoort, mais aussi, l’actuel chantier du bâtiment administratif qui remplacera le Parking 58, sur un ancien bras de la Senne, et où il est prévu de construire 4 étages de parkings souterrains. Le point commun de tous ces dossiers: récupérer du foncier, en dépit du simple bon sens, dans le meilleur des cas, et avec parfois des conséquences dramatiques pour les constructions alentour et pour l’environnement.

   
Chantiers Eggevoort, Colruyt et ancien Parking 58 (centre-ville)

De son côté, Yves Rouyet (Ecolo) a évoqué les outils législatifs permettant de freiner ou d’empêcher ce type de projet. Des outils perfectibles mais pas toujours connus des citoyens lambdas, et par conséquent, par toujours activés en temps utiles pour éviter d’en arriver à de telles aberrations.

A la lueur de ces problèmes à répétition, il émerge clairement une prise de conscience que Bruxelles étant construite sur des rivières, on atteint forcément à un certain moment, le seuil de rupture au-delà duquel « gagner » des terres à construire n’est plus possible. Différentes voix se sont également fait entendre, durant la soirée, évoquant les enjeux socio-économiques de ces chantiers : une habitante de longue date de la rue Gray et une autre, de la place Flagey, évoquent la modification du tissu social et commercial et la gentrification consécutive aux grands chantiers, passés ou en cours.

Réunis autour d’un verre, les participants ont continué d’échanger informations, idées et adresses, afin de poursuivre sur la belle énergie de cette soirée, co-organisée par La Serre et Communa, et dont le débat était inscrit dans le programme de La Fête des Possibles, en soutien des Citoyens qui se bougent et avancent des solutions !

Quelque temps avant cette soirée, les autorités communales d’Ixelles avaient officiellement fait arrêter les pompages et le chantier, hormis pour ce qui est des travaux indispensables pour stabiliser la maison immédiatement voisine, au numéro 48  de la rue Kerckx. Mais ces derniers jours, les travaux de construction semblent avoir repris  et les riverains ont à nouveau alerté l’échevine, Viviane Teiltelbaum.

Affaire à suivre, plus que jamais !