Cher Francis Tondeur,
Qu’en aurais-tu pensé si tu avais su qu’à l’heure de la démolition/reconstruction du ‘Caprice des Dieux’, le directeur de la ‘Société de l’Espace Léopold’ qui avait présidé la démolition de l’atelier d’artiste que tu occupais au bord du chemin de fer en est arrivé à se plaindre de la mauvaise considération que le Parlement européen avait de son bâtiment emblématique au prétexte de justifier sa prochaine et éventuelle démolition? N’avait-il pas affirmé à l’époque devant les caméras d’André Dartevelle au sujet de la rue Godecharle :
« Qu’est-ce qu’on peut faire de ces maisons-là, qu’est-ce qu’on peut faire d’autre que de les enlever et faire quelque chose de nouveau? Le passé oui, le passéisme non, et elles ont quel âge ces maisons Elles ont soixante-dix, quatre-vingts ans, une centaine d’années, autour d’une centaine d’années ».
Depuis ces déclarations, l’eau du Maelbeek a continué à couler sous le pont de l’avenue de la Couronne, mais pas si longtemps que cela, à peine une petite trentaine d’années depuis la construction de ce que l’on appelle aujourd’hui le ‘PHS’ pour ‘Paul Henri Spaak’ qui doit s’en retourner dans sa tombe.
Je me souviens alors aussi
de la maison que tu occupais et qui a été la dernière à subsister car tu leur as cassé les pieds aussi longtemps que possible ;
de la sculpture ‘saute-mouton’ aux différentes lectures, de la plus grivoise à la plus ‘Tondeur’ de mouton ;
de ton atelier encombré de projets et d’objets étranges, atelier que nous avons visité avec Luciana Castellina accompagnée de Nana Mouskouri ;
de la parabole des ours qui étaient en train de perdre leur forêt alors que les bûcherons qui étaient en train de l’abattre sont en train de perdre celle qu’ils ont plantée depuis ;
de ton sale caractère aussi, mais il nous a permis de tenir le coup plus longtemps et pour finir de gagner la partie dans la bataille contre la spéculation immobilière ;
D’ailleurs, tu n’étais pas le seul dont le mauvais caractère nous a permis de sauver/garder l’essentiel, je pense à Henri Bernard qui est parti un peu plus tôt que toi. Même si ma nature de grand timide prend parfois le dessus dans les batailles que mène actuellement l’AQL, j’espère que les leçons de mauvais caractère que vous nous avez données toi et Henri, nous aideront à les gagner, une fois encore, au bénéfice de tout le monde, y compris du Parlement européen.
Cher Francis, avec tous les compagnons de l’Association du Quartier Léopold, nous te souhaitons bon vent !
Au nom de l’AQL
Marco Schmitt
Président