Nous continuons à publier des textes sur la mémoire vivante européenne. Cette mémoire est bien nécessaire pour mettre en perspective ce qui se passe au jour le jour en ce début de mai 2008 à Bruxelles, dans d’autres lieux d’Europe, d’Afrique et du monde. Des jeunes sans papiers ont manifesté ces derniers jours à Bruxelles en faveur d’un moratoire aux expulsions. Des avocats se sont fait injurier et tabasser en essayant d’accomplir leur devoir de conseil et de soutien. Un jeune expulsable s’est suicidé le 1er mai dans le centre fermé de Merksplas « où il était écroué« , selon la porte-parole de l’Office des Etrangers. Un acte de désespoir que les psychologues et assistants sociaux de l’Office n’ont pas su prévenir. La question de la responsabilité du gouvernement belge est à nouveau posée, comme après la mort de Samira Adamu. La Secrétaire d’Etat, Mme Turtelbaum, responsable de l’Immigration, démissionnera-t-elle, comme sut le faire Louis Tobback? Un cri que nous portons désormais en nous, nous qui poursuivons le chemin…
19 avril 1943 – Vers midi, les premiers coups de feu éclatent dans le Ghetto de Varsovie.
400 jeunes des mouvements de la jeunesse ouvrière juive, Bund, Hashomer Hatzair (la Jeune Garde) ont décidé de préserver leur dignité humaine et de mourir les armes à la main. La préparation de l’insurrection a été conduite dans le plus grand secret. Les 40 à 50.000 adultes qui restent au Ghetto (400.000 ont déjà disparu) ne sont pas au courant, et notamment le père de notre Simon de 10 ans, lui qui a fui le Ghetto à 7h du matin.
Les jeunes ont préparé leur insurrection pendant des mois en achetant des armes hors du Ghetto. Les fournisseurs : des Polonais de la résistance, càd l’AL « Armia Ludowa », liée au gouvernement polonais constitué à Moscou. Les armes sont dérisoires, des revolvers surtout, quelques fusils et leurs munitions. Leur armement se complètera au fur à mesure des premières pertes de l’ennemi.
Les jeunes héros du Ghetto tiendront jusqu’au 6 mai, date à laquelle une dizaine de survivants s’enfuient par les égouts et rejoignent l’AL.
19 avril 2008, 15h – Anderlecht
Au Mémorial National aux Martyrs Juifs de Belgique, Elias se tient devant la plaque de marbre qui porte la liste des noms des Juifs de Belgique qui sont tombés dans la Résistance à l’occupant nazi. Elias est un jeune bruxellois de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique. Il a 17 ans, càd l’âge des jeunes du Bund et de Hashomer Hatzair de Varsovie, qui se sont révoltés en avril 1943. Il lit la proclamation de l’insurrection du Ghetto.
Elias lisant la proclamation de l’insurrection des jeunes du Ghetto.
Pour écouter la proclamation, nous ne sommes guère plus nombreux en 2008 que les jeunes du Ghetto. Mais il y a parmi nous Simon d’Etterbeek, qui a survécu à l’embarquement dans le train de la mort du matin pluvieux du 19 avril 1943. Simon entonne avec les jeunes de l’UPJB les paroles du poème écrit en 1943 par Hirsch Glik du Ghetto de Wilno. Ce poème est devenu l’hymne de l’Organisation Unie des Partisans Juifs. « Zog nit Keyn Mol az du geyst dem Letstn Veg » « Ne dis jamais que tu marches sur ton dernier chemin »… « Mir Zeynen do » « Nous sommes là »…. « Ce chant se transmettra comme un appel. Ce chant n’est pas celui d’un oiseau en liberté. Un peuple, entouré de murs qui s’écroulent, l’a chanté, le fusil à la main »
Ecroué et mort à Merksplas
Le jeudi 1er mai 2008
Ebenizer Folefack Sontsa,
J’écris ton nom.
Ecoutez le chant des Partisans Juifs en suivant le lien:
http://www.savethemusic.com/yiddish/bin/listen.cgi?Page=zognitkeynmol&Listen=zog_wave_sonquist